Le service du monde comme service de Dieu

Schuman et sa mère
Cl. Gantzer, Centre européen Robert Schuman, Scy-Chazelles
Robert Schuman (1886-1963) a été influencé religieusement par sa famille, son entourage et des prêtres.
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Au début de son activité professionnelle à Metz en 1912, le jeune avocat Robert Schuman trouva un soutien auprès d'un bénédictin de Beuron. En effet, l'évêque de Metz, Willibrord Benzler, était entré jeune dans l'ordre bénédictin à Beuron et était devenu plus tard abbé de Maria Laach. Par l'intermédiaire de l'évêque Benzler, Robert Schuman s'était également familiarisé avec la question sociale, qui allait plus tard être au cœur de son engagement politique en faveur des faibles et des groupes marginaux de la société. Le premier foyer politique de Robert Schuman fut le parti catholique allemand Zentrum, qui avait été créé pendant le Kulturkampf sous Bismarck en tant qu'organisation d'entraide du catholicisme social en Rhénanie. Les congrès catholiques, dont le premier eut lieu à Mayence en 1848, avaient également pour origine le catholicisme social rhénan. En novembre 1912, l'évêque Benzler convoqua une « semaine sociale » à laquelle fut également invité le fondateur allemand de Caritas, le prêtre diocésain de Limburg Lorenz Werthmann de Freiburg. C'est là que Robert Schuman fit la connaissance du directeur de l'Office de bienfaisance de Metz, Nicolas Jung, où Schuman devint également collaborateur bénévole. La semaine de charité de novembre 1912 fut la première apparition publique de Schuman à Metz, sa conférence dans le Grand Salon de l'Hôtel de Ville avait pour titre : L'éducation des jeunes orphelins sociaux selon la législation d'Alsace-Lorraine. Nicolas Jung était député au Landtag d'Alsace-Lorraine depuis 1912, car le médecin messin Dr. Wilhelm Ernst, fondateur du parti Zentrum à Metz, avait retiré sa candidature [1]. Jung devait plus tard fonder avec Robert Schuman l'Union républicaine lorraine (URL), la patrie politique temporaire de Schuman pendant l'entre-deux-guerres.
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Même dans son activité politique, Robert Schuman ne fait jamais la distinction entre son engagement religieux et politique. Dans son discours inaugural au Parlement français le 24 février 1920, Schuman prône un engagement « intégral » du christianisme. Il refusait une segmentation de l'État en domaines politique, social, économique et religieux. Pour lui, la religion ne constituait pas un domaine en soi, elle englobait au contraire tous les secteurs, leur conférant des valeurs et des orientations [2]. Il disait textuellement : « Le catholicisme n'est pas seulement une foi religieuse, c'est aussi une doctrine sociale. » [3]
Robert Schuman avait reçu ses bases religieuses dans sa famille et dans sa formation scolaire au Luxembourg et en Lorraine. C'est pourquoi il est resté le plus lié à ces deux régions dans sa vie politique. Il s'est engagé en tant que député de la région de Thionville à l’Assemblée nationale pour la circonscription de Thionville-Est, il défendit les particularités régionales et religieuses de sa patrie en France. En tant que juriste, il réussit à préserver le Concordat en vigueur en Alsace et en Moselle, qui fut aboli en France en 1905. En 1925, une Lex Schuman assura aux habitants des trois nouveaux départements français le maintien de leurs droits d'avant 1905 [4]. Sur le plan politique, il se consacra particulièrement aux plus faibles de la société, les ouvriers et les chômeurs, pour lesquels il fonda un syndicat chrétien en France. Il s'est également engagé pour le maintien de l'enseignement de l'allemand dans les écoles pour les enfants germanophones des nouveaux départements, afin que ceux-ci ne se retrouvent pas dans une position inférieure par rapport aux francophones [5]. Tous les biographes de Robert Schuman s'accordent à dire que ses traits de caractère les plus remarquables, même en politique, étaient sa modestie et son attachement à la terre. Toute sa vie, il n'a jamais conduit sa propre voiture, car il n'avait pas passé son permis de conduire. Il assistait à la messe presque tous les jours, mais il n'avait pas pour autant de place réservée dans son église paroissiale, comme l'avait Adenauer. Comme il n'avait pas de famille, sa paroisse de Scy-Chazelles était sa famille.
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La réconciliation franco-allemande et l'unification européenne sont nées de l'enracinement de Robert Schuman dans une région frontalière, où les langues et les cultures se sont toujours rencontrées beaucoup plus étroitement qu'à l'intérieur des pays. Ce qui unissait cette région frontalière n'était cependant pas la langue ou la culture, mais la foi catholique commune. C'est pourquoi cette foi revêtait une importance particulière pour Schuman dans son œuvre politique, car il voyait dans l'héritage chrétien commun la base et le lien de l'unification européenne. Ainsi, la politique devenait pour lui quelque chose de sacré et d'indissociable de la religion [6].
Bodo Bost
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[1] Ein Kartell in Lothringen, en: Luxemburger Wort du 27. Oktober 1911
[2] Manfred Kontz, Robert Schuman – Eine Biographie in Zeitzeugenberichten, Paderborn, 2023, Page 122
[3] Manfred Kontz, ibidem, Page 123
[4] Manfred Kontz, ibidem, Page 127
[5] Manfred Kontz, ibidem, Pages 147 ff
[6] René Lejeune, Robert Schuman, Père de l`Europe 1886-1963, Pages 209 ff
Weltdienst ist Gottesdienst

Schuman und Mutter
Cl. Gantzer, Centre européen Robert Schuman, Scy-Chazelles
Robert Schuman (1886-1963) wurde von seiner Familie, seiner Umgebung und von Priestern religiös geprägt.
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Der junge Rechtsanwalt Robert Schuman fand zu Beginn seiner beruflichen Tätigkeit in Metz 1912 Rückhalt bei einem Benediktiner aus Beuron. Denn der Bischof von Metz, Willibrord Benzler, war als junger Mann in Beuron in den Benediktinerorden eingetreten und später Abt von Maria Laach geworden. Über Bischof Benzler war Robert Schuman auch mit der sozialen Frage vertraut geworden, die später im Zentrum seines politischen Engagements für die Schwachen und Randgruppen der Gesellschaft werden sollten. Die erste politische Heimat für Robert Schuman war die deutsche kath. Zentrumspartei, die während des Kulturkampfes unter Bismarck als Selbsthilfeorganisation des sozialen Katholizismus im Rheinland entstanden war. Auch die Katholikentage, der erste fand 1848 in Mainz statt, hatten ihren Hintergrund im rheinischen sozialen Katholizismus. Im November 1912 berief Bischof Benzler eine „soziale Woche“ ein, zu der auch der deutsche CARITAS Gründer, der Limburger Diözesanpriester Lorenz Werthmann aus Freiburg eingeladen wurde. Dort lernte Robert Schuman auch den Leiter des Metzer Fürsorgeamtes, Nicolas Jung, kennen, wo Schuman ebenfalls freiwilliger Mitarbeiter wurde. Die „semaine de charité“ im November 1912 waren Schumans erster öffentlicher Auftritt in Metz, sein Vortrag im Grand Salon de l‘Hotel de Ville lautete: „Die Erziehung jugendlicher Sozialwaisen nach der Gesetzgebung Elsass-Lothringens“. Nicolas Jung war seit 1912 Abgeordneter im elsass-lothringischen Landtag, weil der Metzer Arzt Dr. Wilhelm Ernst, der Gründer der Zentrumspartei in Metz, seine Kandidatur zurückgezogen hatte [1]. Jung sollte später zusammen mit Robert Schuman die „Union républicaine lorraine“ (URL) gründen, Schumans zeitlich begrenzte politische Heimat in der Zwischenkriegszeit.
Auch in seiner politischen Tätigkeit trennt Robert Schuman nie zwischen seinem religiösen und politischen Engagement. In seiner Jungfernrede im franz. Parlament am 24. Februar 1920 warb Schuman für einen „integralen“ Einsatz des Christentums. Eine Segmentierung des Staates in Bereiche von Politik, Gesellschaft, Wirtschaft und Religion lehnte er ab. Für ihn bildete die Religion keinen eigenen Bereich, sie umfasste vielmehr alle Sektoren, verlieh ihnen Wertvorstellungen und Orientierungen [2]. Er sagte wörtlich: „Der Katholizismus ist nicht nur ein religiöser Glaube, er ist auch eine Soziallehre.“ [3]
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Robert Schuman hatte seine religiösen Grundlagen in seiner Familie und schulischen Ausbildung in Luxemburg und Lothringen erhalten. Diesen beiden Regionen blieb er deshalb auch in seinem politischen Leben am meisten verbunden. Er setzte sich als Abgeordneter der franz. Nationalversammlung für den Wahlkreis Ost-Thionville für die regionalen und religiösen Eigenheiten seiner Heimat in Frankreich ein. Als Jurist gelang es ihm, das im Elsaß und Moselle geltende Konkordat, das in Frankreich 1905 abgeschafft wurde, zu erhalten. Im Jahre 1925 sicherte eine „Lex Schuman“ den Bewohnern der drei neuen Departements in Frankreich den Erhalt ihrer von vor 1905 vorhandenen Rechte [4]. Politisch widmete er sich besonders den schwächsten der Gesellschaft, den Arbeitern und Arbeitslosen, für die er eine christliche Gewerkschaft in Frankreich gründete. Auch setzte er sich für den Erhalt des Deutschunterrichts in den Schulen für die deutschsprachigen Kinder der neuen Departments ein, damit diese gegenüber den frankophonen nicht in eine schlechtere Position gerieten [5]. Alle Biographen Robert Schumans sind sich darin einig, dass seine hervorragendsten Charaktereigenschaften auch in der Politik seine Bescheidenheit und Bodenständigkeit waren. Er fuhr sein ganzes Leben lang kein eigenes Auto, weil er keinen Führerschein gemacht hatte. Deshalb besuchte er fast täglich die heilige Messe, er hatte nicht einmal einen für ihn reservierten Platz in seiner Pfarrkirche, wie das Adenauer hatte. Da er keine Familie hatte, war seine Pfarrgemeinde in Scy-Chazelles seine Familie.
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Die deutsch-französische Versöhnung und die europäische Einigung entsprangen im Grunde der Verwurzelung Robert Schumans in einem Grenzgebiet, in dem sich die Sprachen und Kulturen schon immer sehr viel enger begegnet waren als im Inneren von Ländern. Das Verbindende dieser Grenzregion war jedoch nicht die Sprache oder die Kultur, sondern der gemeinsame kath. Glaube. Deshalb hatte auch dieser Glaube für Schuman in seinem politischen Werk eine besondere Bedeutung, weil er in dem gemeinsamen christlichen Erbe die Grundlage und das Verbindende zur europäischen Einigung sah. Dadurch wurde auch die Politik für ihn etwas Heiliges und zu etwas von der Religion Untrennbaren [6].
Bodo Bost
[1] Ein Kartell in Lothringen, in: Luxemburger Wort vom 27. Oktober 1911
[2] Manfred Kontz, Robert Schuman – Eine Biographie in Zeitzeugenberichten, Paderborn, 2023, Seite 122
[3] Manfred Kontz, ibidem, Seite 123
[4] Manfred Kontz, ibidem, Seite 127
[5] Manfred Kontz, ibidem, Seiten 147 ff
[6] René Lejeune, Robert Schuman, Père de l`Europe 1886-1963, Seiten 209 ff