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« L’apostolat laïque est d’une nécessité urgente »
 

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Schuman, ministre français des Affaires étrangères, 1952

Cl. X., Centre européen Robert Schuman, Scy-Chazelles

L'évêque Willibrord Benzler de Metz avait orienté Robert Schuman vers l'apostolat des laïcs. Après la Première Guerre mondiale, lorsque Schuman est entré en politique française sous l'influence de l'abbé Collin à Metz, il avait besoin d'un parti. En France, il n'y avait pas, et il n'y a toujours pas, de parti catholique comme le Zentrum allemand, avec lequel Schuman avait sympathisé. Toute sa vie, Schuman a voulu « concilier le spirituel et le profane » [1]. Il s'est donc orienté vers ses compatriotes alsaciens-lorrains qui, dans leur majorité, se sont ralliés à l'Entente Républicaine Démocratique (ERD), un mouvement de rassemblement libéral-conservateur. L'ERD étant devenue trop nationaliste en politique étrangère, Schuman la quitta et rejoignit l'Union républicaine démocratique (URD) en 1925. Il s'agissait d'un parti de droite modéré qui se distançait clairement de l'extrême droite nationaliste, mais aussi des forces libérales-conservatrices. Lorsque l'URD prit à son tour des traits de populisme et de chauvinisme, Schuman se tourna en 1931 vers le « Parti Démocratique Populaire » (PDP) de son compatriote alsacien Michel Walter. Il s'agissait d'un parti authentiquement chrétien-démocrate qui s'inspirait de la doctrine sociale catholique et qui introduisit pour la première fois l'idée de l'Europe dans la politique française. Il introduisit la politique européenne. L'inspirateur était le prêtre italien Luigi Sturzo, qui a fondé en 1945 avec Alcide de Gasperi la Democrazia Cristiana en Italie. Depuis 1936, un front populaire anticlérical de gauche gouvernait la France, soutenu également par l'extrême droite. Le centre politique était menacé de disparition. L'objectif du PDP était un « humanisme d'esprit chrétien » [2].

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Le PDP voulait « apporter sans illusion, sans idéologie et avec courage sa contribution au rapprochement des peuples, à l'organisation de la vie internationale et à la paix. C'est pourquoi il a soutenu la Société des Nations, a respecté la culture des peuples colonisés et a contribué à leur future émancipation après 1945 » [3]. Dans un premier temps, Schuman n'adhéra pas au premier mouvement paneuropéen, né en 1924 sous l'égide de l'aristocrate austro-hongrois Coudenhouve Kalergi, car il était sceptique quant à la volonté de paix de l'Allemagne. Il est cependant l’un des rares députés de l'Est de la France à soutenir le traité de Locarno de 1925, qui contient les premiers éléments d'une réconciliation franco-allemande.  La crise économique mondiale a cependant fait s'envoler les approches positives de Locarno.

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Depuis les années trente, l'influence du personnalisme chez Robert Schuman est devenue de plus en plus évidente. Le fondateur de ce courant d'esprit était Emmanuel Mounier (1905-1950), il fonda avec Jacques Maritain (1882-1973) la revue Esprit comme point de référence du mouvement. Mounier définissait la personne par ses références à une communauté, le « personnalisme est donc une philosophie du service à la communauté et non de la domination » [4]. Comme le personnalisme, Schuman s'opposait à toute explication unidimensionnelle de l'existence humaine, comme celle qui consistait à réduire l'essentiel à la nationalité ou à l'appartenance à une classe sociale. Comme Mounier, Maritain présentait un « nouveau christianisme » qui se distançait fortement du modèle précédent. Ce « nouveau christianisme n'est pas sacré, mais profane, c'est-à-dire pluraliste, et il est ouvert aux valeurs d'un monde moderne et laïc » [5].

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Maritain devint le mentor philosophique de Robert Schuman, son ouvrage Christianisme et démocratie, paru aux États-Unis en 1943, devint le manifeste de la nouvelle Europe après 1945. Maritain donna à la démocratie une nouvelle signification plus profonde. Schuman et Maritain étaient convaincus que le christianisme, à ses débuts, avait aidé à la naissance de la démocratie [6]. Ils pensaient à saint Benoît de Nursie, dans les monastères duquel les premières élections abbatiales démocratiques ont eu lieu. Robert Schuman écrivait : « La démocratie est née le jour où l'homme a été appelé à réaliser dans sa vie terrestre la dignité de la personnalité, par la liberté individuelle, le respect du droit de chacun et l'exercice de l'amour fraternel envers tous. Avant le Christ, une telle idée n'avait jamais été formulée. Ainsi, la démocratie est liée au christianisme par la doctrine. » [7] En tant qu'élèves de Thomas d'Aquin, Schuman et Maritain se sentaient tous deux concernés par le principe de subsidiarité développé par ce dernier.

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Ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale, lorsque Robert Schuman, homme politique expérimenté et intègre, a rapidement gagné en influence, qu'il a pu faire partie du gouvernement français. C'est ainsi que Schuman a pu très rapidement exercer une influence considérable sur le destin de la France et de l'Europe en tant que ministre des Finances, puis des Affaires étrangères et enfin de la Justice entre 1946 et 1956. Il put alors concrétiser les idées qu'il avait développées dans les années trente et surtout donner de nouvelles bases aux relations franco-allemandes, puis lancer l'idée d'une Europe unie. La France étant restée dans un premier temps une puissance coloniale après 1945, Schuman a très vite compris que le poids des colonies devait être abandonné le plus rapidement possible, car leur temps était révolu. Il pensait de la même manière au territoire semi-autonome de la Sarre. Il voulait faire de Jacques Maritain le directeur de l'université de Sarrebruck, fondée par la France, mais cela a échoué. En tant que ministre des Affaires étrangères, il prépara l'indépendance du Maroc et de la Tunisie, mais il n'était pas compétent pour l'Algérie, qui n'était pas une colonie mais faisait partie de la métropole. 

 

Bodo Bost

 

[1] René Lejeune, Robert Schuman – Père de l’Europe 1886-1963, La politique, chemin de sainteté, Metz, 2000, Page 195

[2] Manfred Kontz, Robert Schuman – Biographie aus Zeitzeugenberichten, Paderborn 2023, Pages 160 ff

[3] Manfred Kontz, ibidem, Page 161

[4] Manfred Kontz, ibidem, Pages 178 ff

[5] Manfred Kontz, ibidem, Page 181

[6] Manfred Kontz, ibidem, Page 184

[7] Robert Schuman, Pour l’Europe, Bâle, 1963, Pages 69/70

„Das Laienapostolat ist dringend notwendig“
 

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Schuman als franz. Außenminister 1952

Cl. X., Centre européen Robert Schuman, Scy-Chazelles

Bischof Willibrord Benzler von Metz hatte Robert Schuman in Richtung Laienapostolat orientiert. Nach dem ersten Weltkrieg, als Schuman unter dem Einfluss von Abbé Collin in Metz in die französische Politik eintrat, brauchte er eine Partei. In Frankreich gab und gibt es bis heute keine katholische Partei, wie das deutsche Zentrum, mit dem Schuman sympathisiert hatte. Schuman wollte sein ganzes Leben lang „concilier le spirituel et le profane“ [1]. Er orientierte sich deshalb an seinen elsässisch-lothringischen Landsleuten, die sich in ihrer Mehrheit der Entente Républicaine Démocratique (ERD), einer liberal-konservativen Sammlungsbewegung, anschlossen. Da die ERD außenpolitisch zu nationalistisch wurde, verließ Schuman sie und schloss sich 1925 der Union républicaine démocratique (URD) an. Dies war eine gemäßigte rechte Partei, die sich deutlich von der extremen nationalistischen Rechten, aber auch von den liberalkonservativen Kräften distanzierte. Als auch die URD Züge von Populismus und Chauvinismus übernahm, wechselt Schuman 1931 zu dem „Parti Démocratique populaire“ (P.D.P.) seines elsässischen Landsmannes Michel Walter. Dies war eine genuin christlich-demokratische Partei, die sich an der kath. Soziallehre orientierte und auch erstmals den Europagedanken in die franz. Politik einführte. Ideengeber war der italienische Priester Luigi Sturzo, der 1945 mit Alcide de Gasperi in Italien die Democrazia cristiana gründete. Seit 1936 regierte eine linke antiklerikale Volksfront Frankreich, die auch von den Rechtsextremen unterstützt wurde. Die politische Mitte drohte unterzugehen. Ziel der P.D.P. war ein „Humanismus aus christlichem Geist“ [2].

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Die P.D.P. wollte „illusionslos, ideologiefrei und mutig ihren Beitrag zur Annäherung der Völker, zur Organisation internationalen Lebens und zum Frieden leisten. Daher unterstützte sie den Völkerbund, achtete die Kultur der kolonisierten Völker und trug zu deren künftiger Emanzipation nach 1945 bei“ [3]. Der unter dem österreichisch-ungarischen Adeligen Coudenhouve Kalergi 1924 entstehenden ersten Pan-Europa Bewegung schloss sich Schuman zunächst jedoch nicht an, weil er gegenüber dem Friedenswillen Deutschlands skeptisch war. Er unterstützte allerdings bereits als fast einziger Abgeordneter aus dem Osten Frankreichs den Locarno-Vertrag von 1925, die ersten Ansätze zur deutsch-französischen Aussöhnung enthielt. Die Weltwirtschaftskrise ließ die positiven Ansätze von Locarno jedoch wieder verfliegen.

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Seit den 1930er Jahren wurde der Einfluss des Personalismus bei Robert Schuman immer deutlicher. Der Begründer dieser Geistesrichtung war Emmanuel Mounier (1905-1950), er gründete mit Jacques Maritain (1882-1973) die Zeitschrift „Esprit“ als Bezugspunkt der Bewegung. Mounier definierte die Person durch seine Bezüge zu einer Gemeinschaft, der „Personalismus ist deshalb eine Philosophie des Dienens an der Gemeinschaft, nicht des Herrschens“ [4]. Wie der Personalismus widersetzte sich Schuman jeder eindimensionalen Erklärung der menschlichen Existenz wie die, die darin bestand, das Wesentliche auf die Nationalität oder die Zugehörigkeit zu einem sozialen Stand zu reduzieren. Wie Mounier stellte auch Maritain ein „neues Christentum“ vor, das sich stark vom vorherigen Modell distanzierte. Dieses „neue Christentum ist nicht sakral, sondern profan, das heißt pluralistisch und es ist offen für Werte einer modernen, laizistischen Welt“ [5].

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Maritain wurde zum philosophischen Mentor von Robert Schuman, sein Werk „Christianisme et démocratie“, erschienen 1943 in den USA,  wurde zum Manifest des neuen  Europa nach 1945. Maritain verlieh der Demokratie eine neue tiefere Bedeutung. Schuman und Maritain waren überzeugt, dass das Christentum an seinen Anfängen Geburtshilfe für die Demokratie geleistet hatte [6]. Sie dachten dabei an den Heiligen Benedikt von Nursia, in dessen Klöstern die ersten demokratischen Abtwahlen stattfanden. R. Schuman schrieb: „Die Demokratie entstand an dem Tag, wo der Mensch dazu berufen wurde in seinem irdischen Leben die Würde der Persönlichkeit, durch individuelle Freiheit, die Achtung des Rechts jedes einzelnen und die Ausübung der Bruderliebe gegen alle zu verwirklichen. Vor Christus war eine solche Idee noch nie formuliert worden. Somit ist die Demokratie durch die Doktrin an das Christentum gebunden.“ [7] Als Schüler von Thomas von Aquin, fühlten sich beide, Schuman und Maritain, auch dem von diesem entwickelten Subsidiaritätsprinzip verpflichtet. 

Erst nach dem 2. Weltkrieg als Robert Schuman als erfahrener und integrer Politiker schnell an Einfluss gewann, konnte er bis an die Regierungsspitze Frankreichs aufsteigen. So konnte Schuman sehr schnell, als Finanz-, dann Außen- und zuletzt als Justizminister zwischen 1946-1956 beachtlichen Einfluss auf die Geschicke Frankreichs und Europas nehmen. Jetzt konnte er seine in den 1930er Jahren entwickelten Ideen verwirklichen und vor allem das deutsch-französische Verhältnis auf eine neue Grundlage stellen und dann auch die Idee eines geeinten Europas lancieren. Da Frankreich nach 1945 zunächst Kolonialmacht blieb, erkannte Schuman sehr schnell, dass der Ballast der Kolonien so schnell wie möglich abgeworfen werden sollte, weil deren Zeit vorbei war. Ähnlich dachte er auch in Bezug zu dem halbautonomen Saargebiet. Er wollte Jacques Maritain zum Direktor der von Frankreich gegründeten Universität Saarbrücken machen, was jedoch misslang. Als Außenminister bereitete er die Unabhängigkeit von Marokko und Tunesien vor, aber für Algerien, das keine Kolonie war, sondern zum Mutterland gehörte, war er als Außenminister nicht zuständig. 

 

Bodo Bost

 

[1] René Lejeune, Robert Schuman – Père de l’Europe 1886-1963, La politique, chemin de sainteté, Metz, 2000, Seite 195 

[2] Manfred Kontz, Robert Schuman – Biographie aus Zeitzeugenberichten, Paderborn 2023, Seiten 160 ff

[3] Manfred Kontz, ibidem, Seite 161

[4] Manfred Kontz, ibidem, Seiten 178 ff

[5] Manfred Kontz, ibidem, Seite 181

[6] Manfred Kontz, ibidem, Seite 184

[7] Robert Schuman, Pour l’Europe, Basel, 1963, Seiten 69/70

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